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dimanche 13 mai 2018

Si jamais je mourais je prendrais l'ascenseur pour Lima. Le bouton est cassé la porte se  fermera.
Si jamais le signal, ne pas prendre la fuite, garder son calme, respirer, contempler les parois des montagnes. Attendre le temps qu'il faut.
Si l'on rêve c'est le signe qu'il est temps de déployer les ailes d'ajuster les lunettes, les points de lumière c'est normal, les nuages se font rares à de telles altitudes.
Écouter les messages traduits en chaque langue.
Si les odeurs les frottements, la poussée les craquements, se rappeler d'attacher la ceinture et fermer la tablette. Surtout éteindre son téléphone.
Le bouton est cassé la porte s'ouvrira, il suffit d'attendre le temps qu'il faut.

jeudi 15 mars 2018

Dans les nuées intermittentes il y a cette chose dont on rêve et qui s'échappe encore. Est-ce elle qui nous poursuit ou nous qui la cherchons? Est-elle la coulure de nos rêves qui glisse vers la lumière haute ou le noyau où se concentre le meilleur de ce que nous sommes?

mercredi 14 mars 2018

Toujours je connaîtrai  le son de ta voix tout à côté de tes silences et des couleurs du soir sur l'herbe bleue de l'été, les notes poignantes qui tournoient dans le parfum des arbres et l'écho creux de la balle frappant le sol de poudre rouge et la danse de ce qui a été et le poids de ton corps qui d'entre mes bras s'enfuit pour que naisse la douceur amère de la légèreté.

mardi 13 mars 2018

Dans le silence d'un soir s'entend le bruit du monde, le lent battement d'un jusant, les pas d'un hanneton, le sol qui se fend, la source qui tarit.
La mort apparaît dans l’œil de l'antilope mais la ville étincelle. Le laminoir écrase l'acier incandescent. L'herbe se déchire sous les dents du troupeau. Les attirances lancent un appel muet autant qu’irrésistible.
Au-dessus les obliques solaires dessinent la rampe d'une ascension. 

jeudi 1 mars 2018

L'escalier des tourments tourne en colimaçon.
Du quai les grands bateaux, chargés comme des percherons, s'éloignent vers le large. Leurs yeux larmoyants brillent.
Les grands oiseaux que j'aime tant, crient, se disputent leur pitance puis s'en vont.
Lentement, au pas d'un bœuf tirant son attelage, le monde se dévoile.
Une porte s'est ouverte. Le souffle s'élargit. La joie de l'air est déchirante. 

mardi 20 février 2018

Les habits déchirés de la ville flottent dans ses cartons trempés transis.
Les pas heurtent les trottoirs pressés.
Des journaux pendent en drapeaux apatrides.
Les hommes ont des visages de pierre et dans les caniveaux coulent des liquides inflammables,
mais le vent a soufflé l'allumette, l'hiver et tant de désolation.
Lambeaux de rêve dans le miroir indifférent du soir. 

lundi 5 février 2018

Convenons que le ciel est tout entier de marbre. Convenons d'une auberge, d'un vin frais. Convenons d'une montagne découpée, que tes yeux contemplent en brillant. Prenons le temps de boire. Regardons les oiseaux qui s'élèvent en cercles. Avouons que caresser cet arbre chaque jour est une prière, que l'écorce dessine les lignes du passé. Rapprochons-nous du ciel. Ne faisons rien d'autre. Ne faisons rien. Laissons naître le monde.