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jeudi 29 juin 2017

Arbres 3 (réponses)

Lentement la nuit monte dans l'arbre. Sous le poids le grand totem ploie jusqu'à terre pour y boire le lait de son enfance. Hêtre mon océan, j'ai caressé ta peau, grise huilée, plissée du lent labeur de t'élever encore et j'ai appris à écarter les bras. Ô mon arbre, indéchiffrable indifférent, frémissant à tout vent, mon chemin vertical qui m'offre les étoiles.
S’asseoir sur la branche courbe pour attendre le chant et l'entendre, montant de la mousse quand la clairière brasille sous un faisceau de lune.
Soleil ardent des jours paisibles. Le saule lascif capte toute lumière. L'ombre des paillers s'incline devant la beauté de l'été, intense comme un chagrin.
Ensuite. À travers bois, quand les troncs sont barreaux qui s'effacent, je marche et la prison ouvre sa porte, monte alors un parfum, de chèvrefeuille ou de menthe. Se perdre est une heureuse ivresse.
Et toi. Dans ce nuage voguant sur l'océan je te reconnais, dans cet arbre bruissant sous le souffle du vent je t'entends. Comme de toi, de l'arbre rien ne sais. Ses racines et son faîte tant haut et la sève changée en larmes quand le printemps finit et tes yeux qui s'en vont et qui parfois se ferment. Une main sur l'écorce j'écoute, je guette le mystère.


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