Arbres 3 (réponses)
Lentement la nuit
monte dans l'arbre. Sous le poids le grand totem ploie jusqu'à terre
pour y boire le lait de son enfance. Hêtre mon océan, j'ai caressé
ta peau, grise huilée, plissée du lent labeur de t'élever encore
et j'ai appris à écarter les bras. Ô
mon arbre, indéchiffrable indifférent, frémissant à tout
vent, mon chemin vertical qui m'offre les étoiles.
S’asseoir sur la
branche courbe pour attendre le chant et l'entendre, montant de la
mousse quand la clairière brasille sous un faisceau de lune.
Soleil ardent des
jours paisibles. Le saule lascif capte toute lumière. L'ombre des
paillers s'incline devant la beauté de l'été, intense comme un
chagrin.
Ensuite. À
travers bois, quand les troncs sont barreaux qui s'effacent, je
marche et la prison ouvre sa porte, monte alors un parfum, de
chèvrefeuille ou de menthe. Se perdre est une heureuse ivresse.
Et toi. Dans ce
nuage voguant sur l'océan je te reconnais, dans cet arbre bruissant
sous le souffle du vent je t'entends. Comme de toi, de l'arbre rien
ne sais. Ses racines et son faîte tant haut et la sève changée en
larmes quand le printemps finit et tes yeux qui s'en vont et qui
parfois se ferment. Une main sur l'écorce j'écoute, je guette le
mystère.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire